Si l’année 2020 rime avec pandémie, elle marque aussi une prise de conscience collective, à l’échelle mondiale, sur la présence du racisme systémique dans les sociétés. Pour mieux comprendre ce phénomène, nous nous sommes entretenus avec Gina Thésée, professeure au département de didactique de l’Université du Québec à Montréal et cotitulaire de la Chaire UNESCO en démocratie, citoyenneté mondiale et éducation transformatoire. Nous explorons avec elle les liens, le plus souvent invisibles, qui relient racisme et environnement, ce qu’on appelle le racisme environnemental.
AQPERE : Tout d’abord, comment décririez-vous le racisme ?
Gina Thésée : Pour aborder le racisme, dans sa complexité, son étendue et sa profondeur,
je le compare à un iceberg. Les icebergs sont ces énormes masses de glace qui flottent dans les océans et dont la partie émergée, visible, ne révèle qu’une faible portion de la masse totale comparativement à la partie immergée, invisible.
La partie visible du racisme inclut, bien sûr, la brutalité policière et le profilage racial. Cependant, les effets les plus insidieux logent dans la partie invisible de l’iceberg du racisme. Ils imprègnent les représentations de toutes et tous (personnes racialisées et non racialisées), s’incrustent dans toutes les strates des sociétés et affectent les rapports à soi, à l’Autre, au monde et à l’environnement.