Juste avant le début de l’évènement, nous avons appris que nous allions pouvoir manifester dans la rue. J’ai peint mon visage de rouge et j’ai rejoint les milliers de personnes qui manifestaient au pied de l’Arc de Triomphe. J’avais l’impression que la terre tremblait. J’étais au beau milieu d’une masse incroyable rassemblant autant des familles, que des personnes âgées, des jeunes, et des moins jeunes.
Cette manifestation a donc agi comme un coup de fouet ?
Ç’a été une prise de conscience puissante ! J’ai réalisé que c’était à nous de jouer puisqu’il n’y avait rien de contraignant pour les chefs d’État s’ils ne respectaient pas leurs engagements de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Personne ne viendrait leur taper sur les doigts. J’étais convaincue et je le suis encore que c’est la mobilisation citoyenne qui fera toute la différence, qui exercera une pression assez forte sur nos gouvernements pour leur donner la légitimité d’agir et de prendre les bonnes décisions face aux puissants lobbies auxquels ils font face.
Il m’est apparu évident que nous avons tout un chacun une responsabilité citoyenne individuelle et collective. Nous avons le devoir et le privilège de voter, donc c’est nous qui avons le pouvoir ultimement. Depuis ce temps, je fais la promotion de l’action citoyenne dans toutes les sphères de la société. Je crois qu’il est essentiel d’avoir des citoyens qui s’engagent.
D’après vous qu’est-ce que cela prendrait pour y arriver ?
Cela passe nécessairement par l’éducation : l’éducation à l’environnement et à l’écocitoyenneté, que l’on parle d’éducation formelle (sanctionnée), non-formelle, (donnée par divers organismes tels que Les amis de la montagne, Oxfam, les écoquartiers…), et enfin et non la moindre, celle informelle qui requiert la plus belle qualité au monde, la curiosité, qualité que tout le monde devrait avoir dans son ADN. C’est le chemin vers l’autodidaxie. Ce que l’on apprend au hasard d’une lecture, d’une conférence, d’un film, d’un documentaire, d’une conversation, d’une pièce de théâtre… C’est une qualité qui nous fait sortir des sentiers battus, prendre des risques, aller à la rencontre de l’autre.
C’est-tu pas beau cette expression : aller à la rencontre de l’autre ! Il me semble que si on la mettait en pratique, on aurait moins de violence, moins de guerres, moins de racisme, de préjugés, moins d’homophobie. On se rendrait compte que nous passons tous par les mêmes émotions, les mêmes deuils, les mêmes préoccupations.
Oh là là ! Je deviens vraiment un peu trop lyrique !
Revenons à la COP21. Je cherche à transmettre ce coup de fouet tout autour de moi. Je crois toutefois que chacun doit aller à son rythme. Il ne faut pas culpabiliser, mais surtout susciter la réflexion, le jugement critique et la remise en question de nos habitudes de production et de consommation. Moi-même, je ne suis pas parfaite et il faut prêcher par l’exemple. Nous avons les preuves scientifiques sur les effets des changements climatiques sur notre santé, sur la biodiversité. Il nous faut développer une conscience globale. C’est à nous d’agir individuellement et collectivement.
Pour finir, avez-vous un souhait à formuler ?
La question des enjeux environnementaux est une question transversale qui concerne tout le monde, tous nos ministères et non pas seulement le ministère de l’Environnement et du Développement durable. Elle concerne tout autant le ministère de la Santé, de l’Agriculture, de l’Éducation, des Forêts, de la Faune et des Parcs, de la Justice, de l’Énergie et des Ressources naturelles, des Relations Internationales et de la Francophonie ainsi que des Finances. Or, on a l’impression qu’ils travaillent en silo. Cependant, ils sont on ne peut plus interdépendants.
Je souhaite qu’ils travaillent ensemble et surtout que les premiers ministres voient à ce que leurs ministres et tous les députés élus reçoivent une bonne formation sur les questions touchant à l’environnement et aux changements climatiques. Ce qui, hélas, n’est pas le cas. Étant donné la gravité des enjeux, on ne peut se permettre de faire l’économie d’une telle formation.
Et, que vous réservez-nous pour les prochains mois ?
Je continue à m’impliquer à l’AQPERE. Je comptais aussi me rendre à la COP 26 qui aura lieu à Glasgow, en Écosse en novembre 2020 avec une délégation québécoise. Cet évènement sera très important, car il s’agira pour les États d’une reddition des comptes — l’échéance des engagements pris en 2015 lors de la COP21. Avec la crise sanitaire planétaire actuelle, je ne sais pas si cet évènement aura lieu. Mais comptez sur moi pour suivre le dossier de près !