Photo d’Édgar J. González Gaudiano, professeur à l’Université de Veracruz (Mexique), lors du Colloque international sur l’éducation relative aux changements climatiques qui s’est tenu à l’Université du Québec à Montréal le 10 et 11 octobre 2019

 

Faire de l’éducation au climat, mais pas seulement!

Par Aurélie Lagueux-Beloin

18 octobre 2019

 

« L’urgence de se préparer aux changements climatiques peut sembler extrême, ici, au Québec. Toutefois, d’où je viens, une région côtière du Mexique, nous ressentons de plus en plus fortement leurs effets lors de tempêtes et de cyclones dévastateurs! » C’est ainsi que Édgar J. González Gaudiano, professeur à l’Université de Veracruz, donne le coup d’envoi du Colloque international sur l’éducation relative aux changements climatiques qui se tenait à l’Université du Québec à Montréal le 10 et 11 octobre.

L’événement, organisé par le Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE), avait été prévu comme un séminaire. Devant l’engouement qu’il a suscité, les organisateurs, Lucie Sauvé, directrice du Centr’ERE et Adolfo Agundez Rodriguez, chercheur postdoctoral au Centr’ERE, ont ajusté la formule avec une programmation incluant une trentaine de chercheurs et d’acteurs en éducation relative à l’environnement venant du Québec, du Mexique, de l’Espagne et du Brésil.

L’éducation pour l’action

D’après Édgar J. González Gaudiano, il faut arrêter de se borner à enseigner seulement la science du climat pour se préparer aux effets des changements climatiques. « Ce type d’apprentissage, exclusivement scientifique, ne donne pas envie de passer à l’action, bien au contraire! », plaide-t-il. Émilie Morin, doctorante en éducation à l’Université du Québec à Rimouski, partage ce constat : « L’enseignement des changements climatiques dans les écoles québécoises ne mise que sur l’aspect cognitif de la question et n’encourage pas les jeunes à agir. »

Mais comment peut-on transmettre l’envie et la motivation d’agir sur les enjeux climatiques ? Le chercheur mexicain propose de combiner l’enseignement du climat avec celui du changement en y intégrant une dimension émotionnelle et des actions participatives, voire politiques. De son côté, Émilie Morin remarque que dans un contexte scolaire : « L’école doit fournir des connaissances sur les changements climatiques, mais également des opportunités aux élèves de créer des projets qui les motiveront à passer à l’action et les formeront en tant que citoyens impliqués. »

Les mouvements étudiants et l’éducation aux changements climatiques

Et si l’école ne remplit pas son rôle, que se passe-t-il ? Albert Lalonde, étudiant en première année au cégep du Vieux-Montréal et représentant de Pour le futur et du Devoir Environnemental collectif, se rappelle que l’an dernier : « Nous [Les élèves du secondaire] n’apprenions pas ce que jugions important, particulièrement au sujet des changements climatiques. Nous sommes donc sortis du cadre scolaire et nous nous sommes mobilisés ».

« Nous ne sommes pas restés sur les bancs d’école comme l’avait recommandé le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, et nous avons appris beaucoup : je sais maintenant que les étudiants ont un réel pouvoir d’action » souligne Léa Ilardo, représentante de La Planète s’invite à l’Université, en faisant référence à la manifestation pour le climat du 27 septembre dernier. « Je me suis rendu compte que même à 15 ou 16 ans, on est capable et que notre voix compte! Je sais maintenant que chaque personne fait une différence. » ajoute Albert Lalonde.

Ceux qui passent à l’action au Québec

Le colloque a été l’occasion d’enrichir la discussion sur les initiatives d’éducation relative aux changements climatiques québécoises, notamment en lien avec la contribution des arts et par le biais de l’apprentissage au contact avec les milieux naturels.

De nombreux regroupements et organisations sont venus présenter leur vision et leurs projets, dont des ateliers en milieu scolaire, des campagnes d’information et de sensibilisation, des stratégies de communication et des formations destinées aux enseignants. On y retrouvait, entre autres, la Fondation Monique-Fitz-Back, le réseau des Établissements verts Brundtland, Les Amis de la Montagne, GUEPE, EnJeu, la Bourse du Carbone Scol’ERE, le biodôme de Montréal (Espace pour la vie), le réseau des femmes en environnement et La planète s’invite en santé.

De l’espoir pour le futur ?

Le colloque s’est terminé par une table-ronde sur l’écoanxiété, un sentiment stress ressenti face à la crise climatique. La littérature scientifique et les écoanxieux s’accordent : le meilleur moyen de tenir à distance ses inquiétudes face au futur de la planète, c’est de se mettre en action. S’impliquer collectivement donne l’impression contrôle et diminue le sentiment de peur et de découragement.
L’espoir est donc un état d’esprit qui émerge de l’action collective ! Et pour que l’action soit fructueuse, l’éducation et la réflexion auront toujours leur place!

 

Les conférences et communications de ce colloque donneront lieu à la production d’un volume thématique de la revue Éducation relative à l’environnement – Regards, Recherches, Réflexions