Cafétéria: vers une meilleure alimentation en milieu scolaire?

En ce temps de crise, causé par le coronavirus, il n’est pas évident pour les parents de jongler entre la gestion de leur travail professionnel à domicile, des enfants et des tâches courantes, comme préparer les repas quotidiens pour la famille. Vos enfants doivent d’ailleurs préférer les repas que vous leur préparez actuellement à ceux qu’ils mangent à la cafétéria de leur école. Et vous, est-ce que vous vous rappelez ce que vous mangiez à la cafétéria de votre école ? Peut-être vous remémorez-vous des steaks hachés bien cuits à l’extérieur et encore gelés à l’intérieur ? Ou bien des frites goûtant le carton. Pourtant, des initiatives locales tendent à contredire ce mauvais souvenir, en démontrant qu’il est possible d’améliorer le menu des cafétérias scolaires.

C’est ce que nous prouve le court-métrage documentaire Cafétéria de Francine Hébert, paru en 2015 (il est disponible gratuitement sur le site web de l’ONF). Il nous présente une communauté acadienne qui décide de changer les modes de fonctionnement traditionnels des cafétérias scolaires. Celles-ci se basent sur une distribution de mets déjà préparés avec des aliments importés par des multinationales bien implantées sur le marché de distribution de l’alimentation scolaire. Leur démarche débute par l’initiative de parents d’élèves qui souhaitent offrir une alimentation saine et de qualité à leur enfant dans leur milieu scolaire.

Ces parents ont dû convaincre de nombreux acteurs de la communauté pour faire évoluer les services alimentaires des écoles, dont en premier lieu les différentes directions scolaires et autres administrateurs scolaires. Le documentaire nous permet le parcours d’une enseignante d’une école primaire, située dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, qui cherche à offrir une meilleure alimentation à ses élèves et à faire émerger un mouvement, le réseau des cafétérias communautaires. Ce concept novateur a pour objectif de :

  •  Créer des situations d’apprentissage aussi bien pour les élèves que pour les personnels des cafétérias et autres.
  • Servir chaque jour aux élèves des repas sains concoctés par les personnels scolaires avec des produits du terroir (secteur opération)

  • Cafétéria nous démontre qu’il est possible de changer les modes de fonctionnement de certains milieux déjà bien implantés, comme celui de la distribution de mets déjà préparés avec des aliments mondiaux par des multinationales. Il nous prouve également qu’il est possible de transmettre aux jeunes et aux moins jeunes des principes cohérents, comme une alimentation locale, de meilleure qualité et ayant un impact positif pour l’économie locale.

    Qui est Rachel Schofield Martin, l’enseignante à l’origine du réseau des cafétérias communautaires ?

    Rachel Schofield-Martin travaille dans le domaine de l’éducation depuis les années 1990. Enseignante à l’école primaire Blanche-Bourgeois-de-Cocagne, au Nouveau-Brunswick, elle fait un constat assez négatif sur la cafétéria scolaire de son lieu de travail. Elle observe que le personnel et les élèves sont insatisfaits de la qualité de la nourriture. De plus, les élèves reçoivent un enseignement sur la saine alimentation, ce qui est en contradiction avec ce qui était servi à la cafétéria. Mme Schofield-Martin propose donc un projet alimentaire, réalisé avec ses élèves. Celui-ci n’est pas bien accueilli par la multinationale qui fournit la cafétéria en produits alimentaires.

    Face à cela, elle s’est battue pour favoriser la qualité de la nourriture dans la cafétéria de son école et les expériences d’apprentissage avec les jeunes. Son projet lui permet également de supporter les agriculteurs de sa région. En septembre 2011, Rachel Schofield-Martin initie un projet pilote à l’échelle de son école avec l’ensemble des élèves. Plusieurs autres écoles du Nouveau-Brunswick vont adhérer au projet et, ensembles, elles créent le Réseau des cafétérias communautaires. Depuis quelques années, Mme Schofield-Martin est coordinatrice en saine alimentation et en entrepreneuriat social au District scolaire francophone Sud du Nouveau-Brunswick.

    Manger en produisant moins de gaz à effet de serre (GES)

    Certains d’entre vous se demandent-ils quel est le lien entre alimentation et réduction de notre impact sur l’environnement ? Sachez qu’en mangeant local et de saison, il est possible de réduire ses émissions de GES et de certains autres polluants. En effet, manger des aliments importés ou produits hors saison dans des serres chauffées aux combustibles fossiles est synonyme de plus grandes émissions de pollution que manger des produits locaux de saison.

    Manger des produits québécois tout au long de l’année

    Rassurez-vous : pas besoin de manger des patates tout l’hiver ! Il n’est pas nécessaire de renoncer au plaisir de manger pour se nourrir avec des aliments québécois de saison, même au mois de janvier. Sachez que vous pourrez vous régaler tout au long de l’année. Il suffit d’acheter les produits dès qu’ils sont de saison au Québec et de les congeler ou encore de les mettre en bocaux, pour pouvoir en profiter lors des saisons où ce n’est pas la période de production pour ces produits.

    Consommer local synonyme de réduction des emballages

    D’autres liens positifs existent entre alimentation locale et meilleur impact sur l’environnement. C’est par exemple le cas de la réduction des emballages dans certains circuits-courts de consommation. Le court-métrage nous montre que les produits récoltés sont déposés dans de grands contenants de type bacs pour être ensuite distribués dans les différentes cafétérias concernées. Cette diminution des emballages entraîne une réduction des pollutions liées à la production, au recyclage et à la destruction de ces contenants, ainsi qu’aux impacts négatifs sur les paysages et la biodiversité.

    Un texte d'Aude Vallat
    Avoir grandi à proximité de paysages remarquables a amené Aude à suivre des formations en lien avec l’aménagement des territoires ainsi que la protection et la valorisation des paysages, des patrimoines et de l’environnement. Lors de ces formations, elle découvre le domaine de la sensibilisation du public à l’amélioration du cadre de vie. Aude a ainsi décidé de s’investir dans ce domaine, aussi bien professionnellement que personnellement, appréciant notamment la transmission d’informations dans des domaines à divers publics.