Notre histoire est riche d’exemples où se jouent des relations complexes entre des savoirs, des techno-sciences, des choix personnels et des choix sociaux. Dans le passé, la construction du réseau d’aqueduc et du réseau d’égout témoigne de choix sociaux liés aux questions de santé environnementale. Des savoirs ont entraîné la mobilisation de la société et ont donné naissance à de grands projets ayant permis la mise en place de très importantes infrastructures publiques dont nous continuons à bénéficier quotidiennement. D’autres savoirs ont plutôt conduit à des mesures passant davantage par l’éducation. Pensons seulement aux anciennes incitations à ne pas cracher et à celles encore réitérées de bien se laver les mains.
 
Ces exemples illustrent une possible tension entre ce qui peut relever du privé et ce qui peut relever du public, de l’individuel et du collectif. Imaginons en effet notre vie quotidienne si nos ancêtres avaient décidé que la question de l’eau potable et des eaux usées fût exclusivement une affaire d’éducation et de choix personnels! Paradoxalement, en contexte néolibéral, alors que nous vivons dorénavant dans des milieux de plus en plus chargés d’une multitude de nouveaux produits et de risques encourus, les choix en matière de santé environnementale tendent à peser sur les épaules des individus et, conséquemment, la mise en place des mesures sociales devient difficile.

En éducation à la santé environnementale, une voie de sortie de cette impasse, de cette erreur et de cette illusion, consiste , entre autres, à développer des programmes éducatifs qui amènent à mieux connaître et reconnaître, notamment par une perspective historique, les fortes dimensions sociétales des questions de santé environnementale et ainsi mieux différencier ce qui peut relever de choix personnels, d’un projet de société ou d’une association des deux.